Homélie de la messe en mémoire de la Cène

Publié le par Sanctuaire Notre-Dame du Laus (Hautes-Alpes)

Jeudi Saint 2011

Par Mgr Fort

 

 

 

Les gestes et les paroles du Christ au soir du jeudi Saint sont fondateurs des sacrements de l’Eucharistie et de l’ordre. Ils forment un tableau en deux actes indissociablement liés, le lavement des pieds et la Cène.

 

En cette ultime soirée avec ses disciples, le testament spirituel de Jésus tient en quelques mots : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

 

Ce commandement, Jésus le dit nouveau, et il l’est effectivement. Sa nouveauté est bien plus radicale que nous ne le percevons spontanément. Ce commandement nouveau est l’appel indépassable adressé à l’amour humain : aimer comme le Christ, c’est aimer à la mesure de l’amour de Dieu, et comme le dira Saint Augustin « la mesure de l’amour divin c’est d’aimer sans mesure ».

 

Jésus, qui ne se paie pas de mots, accomplit lui-même le commandement qu’il donne. Il se met à genoux devant ses disciples et se fait leur serviteur en leur lavant les pieds. La leçon qu’il nous donne est majeure : ce qui fait la grandeur de l’amour c’est son dévouement, son humilité, sa gratuité.

 

Voilà de quoi bouleverser l’image que nous nous faisons encore trop souvent de la grandeur de Dieu. Voilà aussi de quoi transformer toute notre vie de relations dans la diversité de ses richesses et de ses exigences. Aux pieds de ses disciples, Jésus les lave de l’image d’un Dieu dominateur, il leur rappelle qu’il s’est présenté lui-même en maître doux et humble de cœur, et que parmi ses disciples celui qui veut être grand doit se faire le serviteur de ses frères. Jésus déclare « c’est un exemple que je vous ai donné pour que, vous aussi, vous fassiez à votre tour ce que j’ai fait pour vous ».

 

Jésus se relève et se remet à table. Il veut aller le premier jusqu’à l’extrême de l’amour. A ses disciples, dont il veut faire ses amis, il se donne lui-même : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. Prenez, buvez, ceci est mon sang ». Saint Augustin dira : « Personne ne se donne lui-même pour nourrir ses invités. C’est ce qu’à fait le Christ Seigneur. Il est l’hôte qui invite et il se fait lui même la nourriture qui fortifie et la boisson qui désaltère ses invités ».  

 

Perdre sa vie pour la donner, se perdre en se donnant pour que l’autre se trouve, c’est la façon de Dieu de servir et d’aimer, c’est la voie dans laquelle le Christ appelle ses disciples à le suivre. Saisie d’admiration et d’amour pour Jésus, passionnément attachée à obéir à sa parole pour mieux lui ressembler, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face comprend très vite et n’hésitera pas à dire : « On n’a pas donné grand-chose tant que l’on ne s’est pas donné soi-même ».

 

Jésus avait dit : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». Parole décisive, acte fondateur où s’exprime et s’engage la souveraine liberté de notre Seigneur et Sauveur. Le Christ souverain prêtre inscrit, au cœur du monde et de notre histoire, le seul acte qui puisse être accordé et répondre à la charité de notre Père du ciel, le seul sacrifice de l’homme qui puisse rendre gloire à Dieu et contribuer au salut du monde.

 

Sur la croix, le Christ se donne tout entier et s’abandonne entre les mains du Père pour répondre à son amour. Adorable mystère du corps livré du Christ et de son sang versé. Adorable mystère du pain vivant de nos Eucharisties offert, à notre faim de vie divine et éternelle. Si nous savions le don de Dieu ! Puissions-nous mieux proclamer la grandeur du Mystère de la Foi et l’accueillir pour en vivre.  

 

Lorsque l’Église, fidèle à son Seigneur, accomplit ce qu’il nous a dit de faire en mémoire de Lui, elle ne répète pas l’événement de la Cène. Elle rend la Cène du Seigneur actuelle, présente pour nous, quand la communauté des fidèles présidée par un prêtre célèbre l’Eucharistie. Comme il l’a promis, le Christ est là. C’est Lui qui agit, c’est Lui qui se donne. La messe nous rend présents à la Cène, participants au sacrifice de la croix et à la victoire du matin de Pâques. Etre chrétien, c’est se laisser toucher et habiter par cette présence transformante, par cette puissance de réconciliation et d’alliance avec Dieu.

 

Voilà, frères et sœurs, ce qui nous est offert à chaque messe. Quand nous disons notre Amen au corps du Christ qui nous est donné en communion, ne nous étonnons pas d’être, comme l’apôtre Pierre, saisis de stupeur et de crainte. Stupeur ! « Comment toi Seigneur ! ». Notre foi hésite devant ce comble de l’amour : Dieu se livre entre nos mains il se confie à nous. Stupeur et crainte ! Notre foi s’inquiète car nous comprenons bien que communier au corps du Christ c’est se laisser entrainer à aimer comme Il nous a aimés, c’est vouloir apprendre de lui comment faire de notre vie une offrande qui plaise à notre Père du ciel.

 

Pour le service de l’Eucharistie, le Christ à fondé le sacrement de l’Ordre. Sacrement qui de disciples de Jésus fait des diacres, des prêtres et des évêques. Le Christ les envoie en mission au service de leurs frères, pour leur annoncer l’Évangile et leur offrir la grâce vivifiante des sacrements, afin que tous ses disciples puissent être, au cœur du monde, des témoins fidèles de l’Évangile, des artisans de justice et de paix pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

 

Chers frères et sœurs, demandez au Christ de vous animer de son Esprit, de vous vivifier de sa propre vie, et par charité priez pour votre évêque, vos prêtres et vos diacres.

 

Amen

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