Béatification de Benoîte: où en est-on?

Par le Père Ludovic FRERE, recteur du sanctuaire

 

 

               Depuis 1664, le sanctuaire Notre-Dame du Laus est un grand lieu de grâces. Ce n’est cependant qu’en 2008 que l’Evêque de Gap et d’Embrun a reconnu le caractère surnaturel des événements du Laus. Le procès de Benoîte Rencurel est quant à lui toujours en cours. Le 3 avril 2009, la bergère du Laus était reconnue « vénérable » par le Pape Benoîte XVI. Voici donc un point de la situation en cette année 2011.

 

               Sans doute est-il d’abord opportun de rappeler que le procès a été rouvert par le Pape Jean-Paul II, voici tout juste 30 ans : c’était le 31 juillet 1981, et nous ne manquerons pas de marquer cet anniversaire, surtout en cette année de béatification du Serviteur Jean-Paul II.

               On peut donc penser que ces deux événements ne sauraient manquer de se nourrir l’un par l’autre : au Ciel, le bienheureux Pape aidera sûrement à ce que Benoîte reçoive le même titre que lui, si Dieu le veut ainsi.

 

 

Benoîte (statue de Pindreau)

 

 

La renommée du Laus et de Benoîte

 

               Le récent séjour à Rome de Monseigneur Jean-Michel di Falco-Léandri et de moi-même en tant que recteur nous a montré à quel point notre Sanctuaire et la personne si singulière de Benoîte étaient connus et appréciés. Tout particulièrement par le nouveau préfet de la congrégation pour la cause des saints, le Cardinal Angelo Amato, qui travailla auparavant sur un autre dossier….celui de la reconnaissance des apparitions du Laus. Il n’est pas interdit d’y voir un petit signe du Ciel !

 

               Il est donc bien légitime de saluer le travail de notre évêque et de la précédente équipe pastorale autour du Père Bertrand Gournay : leurs efforts pour faire connaître le Laus portent désormais de beaux fruits. Leur attention à l’avancée du procès de Benoîte a également été remarquable, sous l’égide si précieuse du Père René Combal ; remarquable, au point qu’on est désormais au terme du parcours : le dossier est parfait, si l’on peut dire ; il manque juste la reconnaissance miraculeuse d’une guérison inexplicable.

 

La reconnaissance d’un miracle

 

               Bien entendu, tous les habitués du Laus – et rapidement, ceux qui découvrent notre Sanctuaire – savent à quel point c’est ici un très grand lieu de grâces. Ce n’est pas cela que nous avons à prouver.

 

               Mais en reconnaissant un miracle par l’intercession spécifique de Benoîte, l’Eglise entend recevoir du Seigneur une attestation, un signe comme pour nous dire qu’Il souhaite effectivement que la bergère du Laus soit reconnue bienheureuse.

 

               Dans sa grande prudence - qui est toute sagesse - l’Eglise enquête pour qu’un tel miracle réponde à certains critères, très exigeants, tels que l’assurance de la non-interaction avec un traitement médical, l’immédiateté de la guérison, ainsi que son caractère total et définitif. De toutes les grâces dont notre Sanctuaire a été témoin jusqu’ici, aucune guérison ne semble répondre à tous ces critères.

 

               Alors, nous savons ce qu’il nous reste à faire : prier avec persévérance pour qu’une ou plusieurs guérisons obtenus par l’intercession de Benoîte puissent être reconnus comme miraculeux . Prier, mais sans crispation : si le Seigneur estime que ce n’est pas maintenant que Benoîte doit être béatifiée, alors très bien, qu’il en soit ainsi.

 

               Mais si c’est l’ardeur de notre désir que le Seigneur attend, alors nous sommes tous appelés à répondre avec enthousiasme à cette mission de prier le Seigneur par l’intercession de Benoîte. Nous savons que notre Dieu n’agit pas par caprice ; mais pour que sa puissance de vie et d’amour puisse véritablement passer dans le monde, il a besoin que nous lui ouvrions la porte. Le Seigneur ne force pas le passage ; il attend donc sans doute que notre désir de voir Benoîte béatifiée soit encore plus ardent.

 

 

Benoîte

 

 

Benoîte pour aujourd’hui

 

               Mais, quoi qu’il en soit de cette reconnaissance d’un miracle, on peut être déjà convaincu que, depuis les début de sa mission au Laus comme aujourd’hui, Benoîte veille sur nous et sur ce Sanctuaire qui lui est si cher.

 

               De même, l’on peut être pleinement convaincu que la simple bergère du Laus est une figure importante pour l’Eglise d’aujourd’hui… et si le Seigneur a attendu près de 300 ans afin que la figure de Benoîte, bien comprise dans toute sa profondeur, puisse parler à une époque précise de notre histoire, on est en droit de penser que cette époque, c’est maintenant !

 

               C’est maintenant que l’on est plus que jamais baigné dans l’éphémère et l’instantané. En un clic, on fait le tour du monde sur internet, tandis qu’on perçoit une évidente crise de l’engagement.

 

               Dans ce monde de l’éphémère et de l’immédiat, nous voyons Benoîte vivre une relation privilégiée avec le Ciel, non pas seulement pour un instant, mais pendant 54 années. Plus d’un demi-siècle, ce n’est pas de l’ADSL ! Le haut-débit du Seigneur, c’est de prendre son temps, de façonner jour après jour notre profondeur intérieure.

 

               Notre Dieu ne travaille pas à l’apparence, il ne regarde pas l’éphémère : il œuvre pour notre vie éternelle. Alors comment douter que Benoîte et ses 54 années d’accompagnement spirituel divin n’aient pas quelque chose de profond à dire à nos impatiences ?

 

               A dire aussi à notre manière de concevoir le monde surnaturel. Aujourd’hui plus que jamais sans doute, toutes les formes d’ésotérisme ont pignon sur rue. Parmi les chrétiens, beaucoup vont volontiers consulter des voyantes ou cherchent à être guéris en recourant à des énergies qui ne viennent pas du Seigneur. Notre monde, qui semble avoir cru à la mort de Dieu, recherche maintenant « du spirituel » par le mauvais côté, avec des conséquences qui peuvent être désastreuses.

 

               Et voilà Benoîte, qui vit une saine relation avec le monde surnaturel. Nous ne la voyons évidemment jamais provoquer aucune apparition, même si elle avait le vif désir d’en être gratifiée. Benoîte fait des prières, non des incantations ; elle ne cherche pas à maitriser les forces spirituelles, elle se laisse guider par la grâce.

 

               La modernité de la figure de Benoîte nous apparaît ici dans toute sa lumière : il est urgent que tous les chrétiens cherchent à imiter la bergère du Laus en se décidant à rejeter toute forme d’ésotérisme pour s’abandonner seulement à la grâce du Dieu vivant.

 

 

La statue de Pindreau

 

 

Laissez-vous réconcilier !

 

               S’il fallait encore se convaincre que Benoîte est faite pour aujourd’hui, on pourrait aussi évoquer la nécessaire réconciliation de nos rythmes de vie avec celui de la nature. La Vierge Marie a choisi ce lieu du Laus, dans un cirque de verdure, un lieu calme et ensoleillé, avec un paysage majestueux de montagnes qui semblent évoluer à chaque heure du jour.

 

               Nos rythmes de fous, notre stress permanent, s’apaisent ici, auprès de Marie et de Benoîte. Et si les téléphones portables passent assez mal sur le site du Sanctuaire, ce n’est peut-être pas si dommageable… il y a sans doute autre chose à écouter ici que les messages incessants de tous ceux qu’il faut absolument rappeler au plus vite… avec Benoîte, nous pouvons laisser un peu de côté l’urgent pour savoir redécouvrir l’important.

 

 

Nous avons besoin de Benoîte !

 

               Ces quelques considérations ressemblent peut-être à un plaidoyer pour Benoîte, mais la bergère du Laus n’en a pas besoin. C’est plutôt nous qui avons besoin d’elle ;

Besoin de Benoîte pour nous rendre davantage compte de toutes les grâces dont le Seigneur nous gratifie ;

Besoin de Benoîte pour nous rapprocher encore de notre Mère Marie, notre refuge ;

Besoin de Benoîte pour revoir notre rapport au temps, à la nature et aux urgences que nous nous créons ;

Besoin de Benoîte pour nous laisser réconcilier avec Dieu, avec notre histoire personnelle et avec tous ces « autres » qui rendent notre vie parfois si difficile ;

Besoin de Benoîte pour purifier notre rapport au monde surnaturel, afin qu’il soit une véritable relation avec Dieu et jamais la recherche de quelqu’avantage personnel ou expérience surnaturelle.

Nous avons besoin de Benoîte pour mieux embrasser la croix du Christ et l’accueillir comme le seul chemin de la Vie.

 

               Nous avons tant besoin de Benoîte ! Et si le Seigneur perçoit dans nos cœurs les cris de nos besoins ainsi exprimés, à n’en pas douter, très bientôt, il présentera la bergère du Laus à la vénération de l’Eglise universelle.

 

 

 

 

Prière pour demander la béatification de Benoîte

Père plein de tendresse et de miséricorde,

ton Fils nous a donné Marie pour Mère.

A sa demande, Il lui a confié le Sanctuaire du Laus

pour qu’il soit le refuge des pécheurs.

 

Ta servante Benoîte a accueilli les pèlerins

et les conduits à la source du pardon et de la réconciliation.

 

Nous te prions avec confiance pour qu’elle soit prochainement béatifiée,

afin que le Laus rayonne d’une nouvelle lumière,

qu’il touche davantage de cœurs

et conduise toujours plus de pécheurs jusqu’à Toi.

 

Que des grâces de guérisons des âmes et des corps

soient accordées en abondance,

à la louange de ton amour et de ta gloire. Amen

 

 

 
Point sur la béatification - Alpes 1

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