"Marthe et Marie" - Homélie du mardi 5 octobre 2010

Publié le par Sanctuaire de Notre-Dame du Laus

Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire

 

 

Il est toujours délicat de commenter cet Evangile,

car il nécessite bien des nuances

pour ne pas se méprendre

sur ce que demande Jésus.

 

Car ce qui est en jeu, dans la rencontre entre le Christ

et ses amies Marthe et Marie,

ce n’est pas la distinction entre action et contemplation.

Le Seigneur ne nous dit pas qu’il est mieux

de contempler que de servir.

 

Et s’il fallait nous en convaincre,

il n’y aurait qu’a observer que,

juste avant la rencontre avec Marthe et Marie,

Jésus a proposé la parabole du bon Samaritain,

un actif s’il en est,

qui ne prend pas un seul instant pour prier,

mais qui agit afin de soigner l’homme blessé sur la route.

 

Il ne s’agit donc pas de préférer

la contemplation à l’action,

car cette dernière est tout aussi indispensable que la première

pour que notre foi soit vraie et complète.

 

Le problème de Marthe,

ce n’est pas qu’elle veuille servir ;

on ne peut même pas douter

qu’elle le fasse de tout son cœur.

 

La remarque de Jésus est d’ailleurs pleine d’amour : « Marthe, Marthe, tu t’agites et tu t’inquiètes

pour bien des choses ».

Cette remarque pleine d’amour vise l’agitation de Marthe, non son service.

Une agitation qui en vient, en fait,

à ce qu’il n’y ait plus qu’une apparence de service.

 

Car Marthe fait des reproches à Jésus et à Marie.

Elle se compare à sa sœur,

elle semble mécontente que Jésus n’ait pas remarqué

à quel point elle se démenait pour lui.

 

Marthe ne sert pas gratuitement.

Si elle s’était mise à l’écoute des paroles du Christ,

elle l’aurait sans doute entendu dire :

« que ta main ignore ce que donne ta main gauche ».

 

Mais voilà que, dans son agitation, elle se laisse aller à des comparaisons et des reproches.

Et on l’imagine virevoltant autour de Jésus,

tandis que Marie est dans la position de la solidité,

assise aux pieds du Christ.

 

La meilleure part qu’a choisie Marie,

ce n’est donc pas de contempler plutôt que de servir.

Mais c’est d’être dans la solidité en regardant le Christ, plutôt que dans l’instabilité

en se regardant soi-même

ou en se comparant aux autres, comme le fait sa sœur.

 

C’est le Christ que nous devons regarder,

non pas ce que nous faisons de plus que les autres.

C’est le Christ, notre point de repère.

 

Et quand on le regarde, on le voit se pencher

pour laver les pieds de ses disciples.

Quand on le regarde, on le voit avancer jusqu’à la croix,

par amour, pour servir à notre salut.

Quand on le regarde, on le voit s’abaisser jusqu’à la mort, comme il s’était abaissé dans l’incarnation

et dans chacun des instants de sa vie sur terre.

 

En regardant le Christ,

nous découvrons ce qu’est le service véritable.

 

A n’en pas douter, une fois qu’elle aura terminé

de contempler Jésus, Marie se mettra à servir,

mais elle le fera correctement,

c’est-à-dire à l’image du Christ,

et non pas dans une comparaison avec les autres.

« La meilleure part » que Marie a choisie,

c’est celle du service correctement orienté,

fondé sur le Christ, et non pas dans l’agitation de vouloir être reconnue par les autres.

 

 

Alors, nous, quand nous servons,

choisissons la meilleure part :

avant d’aller servir, venons aux pieds du Seigneur.

 

Et alors, nous servirons comme il le veut :

non pas pour nous mettre en avant

par quelque reconnaissance

que nous permettra notre service,

mais pour rester, même dans l’action,

à l’écoute du Seigneur, à l’imitation du Seigneur

et trouver en Lui la force

-        de ne jamais nous comparer aux autres,

-        de ne jamais leur reprocher de ne rien faire

quand nous, nous faisons.

-        de ne jamais attendre des compliments

ni même de la reconnaissance.

« Ton Père voit ce que tu fais dans le secret,

nous dit encore Jésus ; il te le revaudra ».

 

Que Marie et Benoîte nous aident

à avoir un véritable sens du service,

un service pur de tout orgueil,

de tout désir d’être reconnu,

de toute tentation de nous comparer aux autres.

 

Servir dans le secret, à l’imitation du Christ :

c’est bien la meilleure part.

 

Amen.

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