Pourquoi baptiser les enfants petits ?

Publié le par gs

Baptême de Jésus


Mt 03, 13-16

Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui. Celui-ci l'en détournait, en disant : "C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi !"  Mais Jésus lui répondit : "Laisse faire pour l'instant : car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice." Alors il le laisse faire.
Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau ; et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur."

 

 



La fête du baptême de Jésus rappelle que nous aussi sommes baptisés. La vie quotidienne fait oublier cette qualité que nous portons, mais il y a bien quelque chose d’inscrit là, en nous. Le baptême est généralement donné aux enfants. Certains voudraient qu’il ne soit donné qu’à des adultes qui savent ce qu’ils demandent. Peu à peu, c’est vers le baptême d’adulte que l’Eglise est amenée à se diriger en raison de la demande des personnes. Les jeunes foyers veulent aujourd’hui choisir la religion qu’ils donnent à leurs enfants et ont souvent une idée très peu précise de la foi chrétienne. Par ce fait, ils laissent de plus en plus à l’enfant le choix de son chemin. C’est une position qui a quelques avantages de sincérité, mais beaucoup d’inconvénients par le risque des influences de tout bord qui s’exercent sur les enfants et les jeunes aujourd’hui. Surtout, cette décision ne tient pas compte de ce qu’est en profondeur, le baptême. C’est de cela dont je veux vous parler ce matin.

Jean-Baptiste annonçait la venue d’un homme dont il n’était pas digne de porter les sandales. Il perçoit que Jésus est plus grand que lui et il cherche à passer derrière. Mais Jésus veut inverser les choses. Car Jésus sait que le baptême est un geste qui sauve ce qui était perdu. Et il faut que ce sauvetage se réalise. Pour cela, sa présence là, devant ce prophète exigent est un signe tout entier. Tout ce qui est dit dans la Bible ne vient pas trouver son sommet dans la personne de Jésus. Jésus ne sera pas l’homme parfait tel que les hommes de tous les temps pourraient l’espérer. S’il en était ainsi, il y aurait encore et encore des conflits sur ce que doit être Jésus. Certains le voudraient puissant politiquement pour diriger moralement le monde, d’autres le voudraient à l’image de l’Abbé Pierre ou de Mère Teresa. D’autres encore le voudraient pur et propre sous toutes coutures. Jésus serait la projection de toutes nos idées. Et il est un peu comme cela voire beaucoup parfois, même dans notre Eglise catholique, suivant la tendance à laquelle nous appartenons sans trop le savoir. Non, Jésus est différent de tout ce que nous pensons sur lui, différent de ce que Jean-Baptiste lui-même pouvait penser de lui. C’est pourquoi Jésus ne se laisse pas honorer par Jean-Baptiste comme étant au-dessus de lui. Non, Jésus prend toute sa place d’homme au milieu des hommes, mais il déclare :
"Laisse faire pour l'instant : car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice."  Car Jésus doit pouvoir manifester que tout homme est profondément unique et aucun homme n’est programmable définitivement à partir de ce que l’on veut qu’il soit.

C’est pourquoi les enfants peuvent aussi être baptisés dès leurs plus jeunes âges, car les parents font ainsi le geste de se déposséder de leur rêve sur leur enfant pour le confier au Père du Ciel. Il confie à Dieu leur paternité et maternité au profit de la paternité et de la maternité de Dieu pour que leur enfant devienne non pas ce qu’ils désirent mais ce que Dieu va engendrer en leur enfant. Cet enfant baptisé est alors capable d’être d’abord un fils de Dieu et pas seulement un enfant des hommes. Voilà le tournant. Les lois humaines, la loi de Moïse ne sont pas suffisantes pour réussir un homme parfait sous toute la ligne : beau, pur, intelligent, et fort. C’est autre chose qui fait un homme et cela ne se voit pas avec les yeux. Le baptême que Jésus donne aux hommes et aux enfants signale autre chose que seul Dieu perçoit en chacun et que nous manifestons quand nous commençons à aimer l’autre pour le servir gratuitement. Qu’est-ce que c’est ?

Juste après le geste de Jean mettant de l’eau sur la tête de Jésus, le ciel s’ouvre. L’image de l’Esprit Saint prend la forme d’une colombe. Le souffle de Dieu vient se rendre visible aux yeux de Jean- Baptiste et la voix qui se fait entendre dit ceci :
"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur."  Cela renforce le geste de Jean Baptiste et cela peut vraiment nous faire comprendre l’importance de notre baptême. Alors que Jean-Baptiste rappelait à tous ceux qui venaient vers lui ce que chacun sait de lui ou les défauts dont les autres les avaient accusés, la voix vient parler d’autre chose. Il y a, au fond des hommes, au fond de chacun, un lieu qu’on ne connaît pas, qui est oublié. C’est là où se trouve le tout petit corps de notre vie divine. La voix l’appelle déjà « mon fils bien aimé ». En Jésus, ce petit corps est sa vie entière, celle qui se présente devant les autres. Pour chacun de nous, cela débute, grandit de toute façon comme le bon grain au milieu de l’ivraie : « de jour et de nuit il grandit. » Le plus difficile est d’en rendre témoignage auprès des autres, mais ne nous inquiétons pas, Dieu n’abandonne pas l’enfant, le corps vivant, qui est né le jour de notre baptême. Le péché obscurcit ce corps mais « le Seigneur sait aller chercher et trouver ce qui était perdu » en nous.

C’est pourquoi le baptême est important, notre baptême un grand moment de notre vie. Car le baptême est une Espérance car il nous révèle que l’amour, la vie de Dieu, notre place de fils de Dieu sont plus puissants que la haine, notre péché, nos emprisonnements dans nos habitudes humaines. Bien sûr, il est important d’arroser l’arbrisseau qui vient d’être planté, surtout dans les zones de sécheresse. Il est important d’apporter la Parole de Dieu et la vie des sacrements à l’enfant qui vient de recevoir le baptême, surtout dans notre société dont le terrain de la foi est si aride. Mais gardons l’Espérance de Jean-Baptiste. Il ne pouvait saisir ce que Jésus lui demandait le concernant. Mais il a entendu cette voix qui parlait à Jésus. Cette voix, c’est aussi celle qui est descendue du haut du ciel le jour de notre baptême, mais si nos oreilles ne sont pas tournées vers elle pour l’écouter, cette voix continue de nous parler et la colombe poursuit sa descente vers nous, dans un bruissement d’aile qui nous communique l’Esprit Saint.

p. Bertrand Gournay
Dimanche 13 janvier 2008

 

 

 

 

 

 

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