A l'ouverture de cette nouvelle année, la vie a-t-elle un sens ?

Publié le par gs


Mardi 1er janvier 2008

Lc 2, 16-21

 Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son coeur. Puis les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu'ils avaient entendu et vu, suivant ce qui leur avait été annoncé. 
 E
t lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l'ange avant sa conception.

 

            Tous, reconnaissons-le, nous passons d’une année vers l’autre, avec un sentiment partagé. D’un côté, nous ne pouvons qu’espérer en la paix pour les peuple en guerre, en la fin des catastrophes planétaires, en une prise de conscience plus vive de la responsabilité de chacun pour que tous les hommes reçoivent une part juste des biens de la terre, etc. De l’autre nous savons que bien des situations se maintiendront dans les mêmes violences et les mêmes injustices pour les autres comme pour nous parfois. Alors, comment vivre l’espérance et regarder l’avenir de notre monde avec un regard de foi ?

            Notre monde avance d’année en année, des enfants naissent et des hommes et femmes meurent à tous âges puis sont remplacés par d’autres. Et ainsi de suite. Comme les passages d’année, les événements se succèdent et se ressemblent beaucoup avec ses wagons remplis de bonheurs et de peines. Des millions d’enfants meurent chaque année de faim, ignorés de tous, hormis leurs mamans. Ce fatalisme anéantit tous nos espoirs et il semble rejoindre le texte biblique du sage Qohéleth, qui dit sans cesse : « Tout est vanité ».

            Or, curieusement peut-être cette parole est celle qui peut nous encourager à vivre. Regardons un peu le récit de ce jour. Les bergers sont déjà informés de la naissance du sauveur. Ils ont eu du mal à prendre en compte l’intervention de l’ange leur annonçant cette naissance singulière. Mais à présent, ils se font les premiers apôtres du christ, les premiers témoins de l’Evangile. L’ange leur a parlé de la venue d’un Sauveur. Et cela bouscule tout le rythme lent et monotone de leur travail. De jours en jours, leur tache est de déplacer les troupeaux à la recherche de pâturages nouveaux pour les brebis. Leurs conditions de vie sont précaires. Ils sont victimes des vols et de violences régulièrement  et ils savent leur pays colonisés par les Romains. Il n’y a pas grand-chose qui distingue ces hommes de la condition des hommes et des femmes de notre époque, de nous-mêmes comme des milliards d’habitants de notre terre aujourd’hui pour qui la vie prend si peu de sens.  Beaucoup de nos contemporains peuvent se laisser aller au pessimisme et vivent ainsi bon gré, mal gré.

Or le christianisme est une foi qui relance la vie chaque instant. L’intervention de l’ange qui s’adresse à ces bergers vient le confirmer : "Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une grande nouvelle qui sera une grande joie pour tout le peuple." Pour les disciples de Jésus, le ciel s’est ouvert sur l’homme. Si la vie n’a pas de sens ou si peu, ou de manière si provisoire, quelque chose se passe entre l’homme et le ciel, affirment-t-ils. Ce qui se passe est un mot, une parole qui vient d’en haut pour donner non pas un sens à la vie, puisque la vie se termine toujours par la mort, mais une signification à tout ce que nous vivons, à la moindre parcelle de notre vie. Le sage Qohéleth qui remue les certitudes humaines d’une vie qui se doit être efficace et avoir du sens, ne pensait pas différemment me semble-t-il. « Tout est vanité » n’indique pas que tout est inutile puisque les événements se répètent sans cesse pour nous et pour tous ceux qui ont vécus avant nous. Mais il vient dire que la vie de l’homme est précieuse en raison du souffle qui vient d’en haut et qui est offert à l’homme. La seule importance de la vie de l’homme n’est pas ce qu’il fait, mais ce qu’il est, le simple fait au regard de Dieu, d’être présent. Tout ce que nous faisons disparaît mais nos vies  sont aimées et prises en compte par celui qui nous donne sa propre nature divine dans son souffle de vie, son haleine de vie, comme dit le psaume 8 : « Qu’est-ce que l’homme que tu t’en souvienne, le fils d’Adam que tu en prennes souci. » Et St Augustin écrivait : « Le fils de l’homme a donc été visité tout d’abord dans la personne de cet Homme-Dieu, né de la vierge Marie. » (Comm. Sur les psaumes, ps 8)

Marie gardait tout cela dans son cœur. C’est le verbe de Dieu qu’elle a conservé pour le donner aux hommes et permettre à chacun de ne jamais désespérer da sa vie. Si chacun peut s’interroger sur la portée de sa vie car si peu de choses dans son passé n’apparaît important, qu’il se souvienne que tout est conservé dans le cœur de la mère de Dieu, c'est-à-dire que tout est porté à Dieu par le Christ. Il n’y a donc rien qui soit inutile à vivre. Il faut seulement accepter de ne pas savoir à quoi sert ce que nous vivons et de toute façon vivre en aimant la part de Dieu qui nous est soufflée dans chaque instant.

C’est ainsi que j’ouvrirais pour nous tous les souhaits de bonne année 2008. Les événements du Laus que nous fêterons le 4 mai n’ont d’importance que dans ce qu’ils rappellent de la tendresse de Dieu pour chacun. Benoîte fut et demeure un témoin de la manière dont Dieu prend considération de ce que nous vivons, particulièrement nos drames et nos douleurs personnelles. Et toute notre conversion se trouve dans le changement de regard que nous pouvons avoir sur notre vie personnelle. Notre vie n’a aucune importance tant les événements que nous vivons sont peu de choses et pourtant, nous sommes tout pour Dieu. Pour cette nouvelle année, quittons nos pessimismes, louons plutôt la vierge Marie d’avoir su porter le verbe de Dieu et de nous l’offrir pour nous conduire chaque instant à Dieu.

 

 

 

 

                                                                        p. Bertrand Gournay

 

 

 

 

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